Un regard panoramique

Qu'il est agréable d'embrasser du regard un vaste panorama constitué de vallons et de vallées, parcourues par rivières et chemins. Un recul vivifiant et instructif sur la nature, sa composition et ses intrications. On ressort de ce paysage un frisson, tout à la fois impression de puissance de par sa position, de fragilité en constatant qu'un élément manquant ternirait grandement le paysage, et d'ignorance. Une certaine naïveté nous étreint au ras du sol, nous empêchant de voir ce qu'il se passe au loin et comment cela peut-il se répercuter sur notre condition.

Le principe est le même mais immatériel lorsqu'on souhaite observer le pourquoi d'un comportement. Chaque comportement est comme un infime rouage d'une machine à perte de vue. Juger ce rouage sans prendre en compte les conséquences qu'aurait son inexistence sur le fonctionnement global ne saurait être sage. Il faut avant tout prendre du recul et observer. Le monde est incompréhensible si l'on ne se pose pas de questions. Comment fonctionne ceci ? Quelle est la fonction de cela ? Où va aller le produit de X ? Quelle sera le dessein de Y ?

Bien sûr nous ne parlons pas de machine mais d'êtres humains, ce qui n'empêche pas d'appliquer le raisonnement afin d'être sûr de l'opinion que l'on formulera. Je parle de la capacité d'abstraction, de l'empathie, de la tolérance et parfois même de l'indulgence sources de compréhension dans nos relations. Nous sommes prêts à être indulgent avec ceux que l'on aime, pourquoi ne ferions nous pas la même abstraction pour d'autres. Le problème rencontré n'est pas pour autant moins digne d'intérêt et peut même être moins difficile à résoudre.

Ce que je propose, c'est une attitude générale vis-à-vis d'un problème rencontré au cours d'une relation qui consiste à se poser des questions ciblées :

- Quel est le problème ? (reformulation)

- Quel sont les affects qu'il cause en moi ? et pourquoi ? (abstraction de la charge émotionnelle)

- Quelles sont les raisons qui ont poussé cette personne à avoir ce comportement ?

- En quoi cela me concerne-t'il ? et que puis-je y faire ?

- Que puis-je attendre de la personne qu'éventuellement je vais aider ?

Ces questions permettent de ne plus réagir dans l'agressivité et conditionnent une réponse empathique et humaniste bien plus efficace dans la résolution des problèmes, quels qu'ils soient ! J'imagine que c'est l'une des origines de l'adage : "tourne sept fois ta langue dans la bouche avant de parler"... ne pas parler sous le coup de l'émotion, ce qui risquerait d'envenimer une situation, et laisser le temps à sa raison d'élaborer une réponse intelligente.

Prendre de la distance, c'est déjà prendre du recul sur soi et analyser ses réactions. C'est Renvoyer à l'autre un message positif de tolérance et de compassion. C'est agir dans la fraternité et maintenir une égalité de fait, celle d'avoir un jour, tous autant que nous sommes, des problèmes et le droit de pouvoir les résoudre avec sérénité.